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Bienvenue amis lecteurs,

Ceci est un blog sur tout ce qui m'intéresse par rapport à la Chine, ça peut être du digital, du champagne, des expositions d'art contemporain chinois... Vous trouverez aussi quelques récits de mes voyages là-bas !
Récemment j'ai choisi de partager avec vous des interviews de grands sinologues, d'experts et de personnalités que j'ai rencontrées lors de mon parcours académique et professionnel.

lundi 14 décembre 2015

Les Diaosi 屌丝 et les Gaofushuai 高富帅




Les Diaosi et les Gaofushuai 高富


La langue chinoise évolue très rapidement. Une des raisons à cela est que, contrairement à ce que dit Monsieur Lu Wei , l’internet chinois est censuré, et les internautes inventent régulièrement des nouveaux mots ou synonymes pour pouvoir s’exprimer sur tous les sujets.
Mais les mots dont je souhaite vous parler aujourd’hui n’ont rien de politique, ils décrivent des catégories sociales chinoises, celles-ci évoluant très vite également. 

Les diaosi

Le premier, diaosi , était très à la mode en 2014 lorsque j’étais à Shanghai. Il décrit une catégorie de Chinois pauvres, ayant peu de vie sociale et passant parfois beaucoup de temps seuls sur l’ordinateur. Cela correspond un peu à ce que nous appelons les « no-life » en occident, c’est-à-dire des geeks sans vie sociale, rajouté au fait d’être pauvre. Des « losers » en somme.  J’avais un ami à Shanghai qui se qualifiait lui-même de diaosi car, bien qu’ayant un travail, il ne gagnait pas très bien sa vie.

Un diaosi a en général beaucoup de mal à trouver une copine et à se marier. Il faut savoir qu’en Chine un homme qui veut se marier doit posséder un appartement, une voiture et de l’argent. Les diaosi n’ayant en général pas les moyens d’acheter un appartement, ils ont du mal à se marier. 


Les Gaofushuai 高富 et les Baifumei 白富

Les deux autres mots dont je veux vous parler sont les catégories sociales inverses : les Gaofushuai 高富, littéralement grand/riche/beau et les Baifumei 白富, blanche/riche/belle. Ceux-ci représentent la jeunesse dorée de la Chine, et ils n’ont en général pas de difficulté à trouver une copine ou un copain.

Concernant la Baifumei 白富, je precise que, comme vous le savez, en Asie la peau blanche est un signe de beauté. Les asiatiques à la peau foncée sont originellement ceux qui travaillent dans les champs, ne peuvent pas se protéger du soleil, et sont pauvres. D’où l’invention du face-kini, sorte de cagoule empêchant le visage de bronzer. C’est exactement l’inverse de l’occident, où les blancs bronzés sont ceux qui ont les moyens de partir en vacances, et sont considérés comme beaux. 

Etre riche suffit parfois à être qualifié de Gaofushuai 高富. Un autre ami Chinois était en effet appelé ainsi car il avait eu les moyens, par sa famille, d’acheter un appartement et de se marier. 

 

La pression familiale à Chunjie

Heureusement la société chinoise évolue, et de plus en plus de couples se marient sans acheter d’appartement ou de voiture. Les parents font cependant toujours subir une certaine pression à leurs enfants pour qu’ils se marient. En effet à Chunjie , le nouvel an chinois, les jeunes Chinois rentrent dans leur ville natale et sont souvent l’objet de remarques concernant leur vie sentimentale. Ainsi, on peut aujourd’hui « louer » une copine ou un copain juste le temps des vacances du nouvel an chinois, pour rassurer les parents et ne pas subir de pression familiale.


Duang

Pour en revenir aux nouveaux mots, un des derniers en date est Duang, qui, si j’ai bien compris, signifie ridicule et génial en même temps, mais dont la signification exacte fait débat en Chine. Il a pour origine une vidéo de Jackie Chan prononçant ce mot, et est vite devenu viral sur les réseaux sociaux chinois. Son caractère a été inventé à partir des deux caractères formant le nom chinois de Jackie Chan.


Tout ça pour vous dire de parler de ces mots à vos amis Chinois, ça les amusera certainement !
N’hésitez pas à commenter si vous connaissez des mots encore plus récents !

Le Gaokao 高考



Le Gaokao  

Des modalités de concours

Le Gaokao () est l’équivalent en Chine de notre baccalauréat. Mais la grosse différence est qu’il s’apparente plutôt à un concours qu’à un examen. En effet, malgré le fait que la Chine compte plus de 2.400 universités disséminées dans le pays, il n’y a pas de place pour tout le monde. Les épreuves du Gaokao durent deux ou trois jours et ont rassemblé, au début juin de cette année, 9,42 millions d’inscrits ! 

Les meilleures universités en Chine sont Qinghua et Beida à Pékin, et Fudan à Shanghai notamment. Mais les places sont chères et il y a des quotas par région. Par exemple mon amie Tansy (de son nom anglais), qui est Han mais vient du Xinjiang (Nord-Ouest), a fait partie des 10 seuls étudiants du Xinjiang ayant eu accès à Beida cette année-là !

Le Gaokao ne permet pas seulement d’accéder aux études supérieures, il détermine parfois la voie professionnelle que l’étudiant va suivre. Une autre amie Chinoise, Cécilia, s’était ainsi retrouvée dans l’université d’agriculture de Pékin en raison des notes moyennes qu’elle avait obtenues au gaokao,  et apprenait notamment la botanique, alors que, étant germanophone et anglophone, elle aurait souhaité se diriger vers une voie plus internationale. 



Un rythme de "prépa" pendant plusieurs années

Le Gaokao peut donc déterminer toute la vie professionnelle du jeune Chinois au-delà de ses études. Mais les Chinois n’ont pas le choix car, devant s’occuper de leurs parents lorsque ceux-ci sont vieillissants, il leur faut ce sésame pour pouvoir trouver un emploi et garantir le financement de la vie de toute la famille. 

C’est donc dès le collège qu’ils commencent à étudier avec presque le même rythme que celui des étudiants qui font nos « prépas ». A coup de cours particuliers, pour les familles les plus aisées, et d’exercices pendant les vacances et les weekends, les collégiens et lycéens Chinois se préparent intensivement à ce concours national pendant plusieurs années.

Il faut savoir également que le lycée auquel  les collégiens vont avoir accès va déterminer la qualité de leur préparation au Gaokao, donc leurs chances de réussite. Sans compter la pression des parents, dont l’avenir dépend de la réussite professionnelle de leur unique enfant (cela va peut-être changer avec la fin de la loi sur l’enfant unique).



Les lycéens qui évitent le Gaokao


Cependant, de plus en plus de Chinois partent faire leurs études secondaires à l’étranger pour échapper au Gaokao. Ces lycéens représentaient 30% des 459 800 étudiants Chinois partis à l’étranger en 2014. 
J’ai moi-même une amie qui, ayant gagné un concours de mathématiques, a pu directement venir faire ses études en France sans avoir à passer le Gaokao. 


Conclusion


Le Gaokao devrait être réformé en 2017 au niveau des matières et des modalités d’évaluation. Cependant, les jeunes Chinois subiront encore pendant un moment une forte pression à travers leur scolarité à cause de la démographie du pays. Sans compter les problèmes de chômage.

La conclusion réaliste c’est que, pour un jeune Chinois, le meilleur moyen de s’assurer un avenir en Chine ou de partir à l’étranger, c'est d'utiliser les « Guanxi », c’est –à-dire les réseaux ! (un peu comme partout vous me direz)

N'hésitez pas à commenter si vous avez vous-même passé le Gaokao ou si vous avez des amis qui l'ont passé !