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Bienvenue amis lecteurs,

Ceci est un blog sur tout ce qui m'intéresse par rapport à la Chine, ça peut être du digital, du champagne, des expositions d'art contemporain chinois... Vous trouverez aussi quelques récits de mes voyages là-bas !
Récemment j'ai choisi de partager avec vous des interviews de grands sinologues, d'experts et de personnalités que j'ai rencontrées lors de mon parcours académique et professionnel.

dimanche 15 mai 2016

Exposition Miao Xiaochun à la galerie Paris-Beijing



Exposition Miao Xiaochun à la galerie Paris-Beijing


Encore une fois la galerie Paris Beijing fait très fort, avec une exposition consacrée à un artiste de renom : Miao Xiaochun 缪晓.
Il faut savoir que celui-ci, après des études d’art en Chine et en Allemagne, est devenu professeur à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin, où il enseigne notamment le « Digital Media » et la photographie. Il était présent au vernissage rue de Turbigo, et j’ai eu le plaisir de pouvoir lui poser des questions.
Son style ne m’était pas inconnu et je me suis souvenue qu’il avait exposé à China Gold au Musée Maillol en 2008, avec déjà une création 3D assez étonnante.


Son travail peut rappeler l’œuvre de Cao Fei « Renminbi city », présentée à China Gold et à la Fondation Vuitton cette année. 


L’exposition de la Galerie Paris-Beijing nous fait découvrir les dernières œuvres de Maio Xiaochun. On remarque d’   abord l’œuvre « Triumph of death » composée de 12 toiles peintes de couleurs pop et pastel, où l’on voit des squelettes massacrer des individus colorés, observés par des cameramen et des preneurs de son. La violence de la scène contraste avec le choix des couleurs pop. C’est une tendance que l’on retrouve dans les autres œuvres : la mort cohabite avec un certain esthétisme dans la manière dont l’œuvre a été conçue. 


Puis, l’animation « Limitless » est une création 3D faite avec le logiciel 3D max. La plaquette de la galerie nous informe que les images sont obtenues avec une « technique particulière qui exploite le dysfonctionnement du logiciel », ce que je n’avais jamais vu ailleurs. On y voit plusieurs scènes dont par exemple des pixels recouvrant peu à peu des fruits, ou, ma scène préférée, des poissons argentés magnifiques flottants dans un monde électronique. L’artiste s’est également modélisé lui-même dans la vidéo, et son image revient dans presque toutes ses œuvres. Toutes les scènes de la vidéo ont un côté étonnant et ludique, aspects souvent retrouvés dans l’art contemporain chinois que j’apprécie particulièrement, mais aussi chaotique et violent, toujours représentés avec un esthétisme extrême.

« Microcosm » est un ensemble de plusieurs impressions qui fait référence à l’œuvre de Jérôme Bosch « Le jardin des délices ».


 En effet, ce qui m’a le plus étonnée dans l’exposition est que l’artiste fait constamment référence à l’Occident ou à l’art occidental. Mais non pas comme on peut le voir chez d’autres artistes comme un élément de comparaison avec la Chine, ou faisant référence au choc Orient-Occident, comme c’était par exemple le cas chez les artistes exposés à la Fondation Louis Vuitton. Ici l’Occident et l’histoire de l’art occidental ne sont pas des éléments secondaires de l’œuvre, ils sont le sujet lui-même. Je me suis demandée si cela était dû au fait que Miao Xiaochun avait étudié l’art occidental, ou au fait qu’il ait étudié aussi en Allemagne. En tout cas je n’avais jamais vu cette démarche chez un artiste Chinois.
Est-ce sinon une stratégie pour vendre ses œuvres aux mécènes occidentaux ? Je me suis posé la question, car l’art contemporain chinois, faisant les plus grosses ventes de Sotheby’s et Christie’s notamment, est devenu un vrai business, et certains artistes sont aujourd’hui multimillionnaires. Difficile de le savoir.


J’ai donc eu la chance de poser des questions à l’artiste sur ses thèmes préférés ou son inspiration : je lui ai notamment demandé s’il aimait représenter l’évolution de la société chinoise telle qu’il la perçoit, comme d’autres artistes Chinois, ou les relations Orient-Occident. Dans notre conversation en chinois, j’ai pu comprendre que l’artiste me disait « non, je représente ce qu’il y a dans ma tête ! » ce que j’ai trouvé très franc et amusant ! Il faut savoir que Maio Xiaochun, comme beaucoup d’artistes Chinois, reste, bien qu’il connaisse un grand succès, modeste, humble et disposé à discuter avec les étrangers présents au vernissage, comme c’était le cas avec Yang Yongliang.
L’exposition présente de nombreuses autres œuvres très intéressantes, étonnantes et qui, on le devine, représentent un travail considérable.
Ici des œuvres sur toile et impressions digitales de peinture à l’huile. Miao Xiaochun excelle dans l’art de mélanger les techniques : la photographie, la peinture, l’impression, la création 3D…



Ravie de ne pas avoir manqué cette exposition très originale, à vous d’en faire autant !







mercredi 10 février 2016

Mon Team Building à Taihu



Mon Team Building à Taihu


En 2014 j’ai travaillé pour Baipinhui, entreprise chinoise de e-commerce. La société propose notamment aux entreprises chinoises et étrangères de leur créer un magasin sur Tmall pour augmenter leurs ventes en Chine. Tmall et Taobao sont les équivalents chinois d’Ebay, mais Tmall est particulier car ce ne sont que des magasins en ligne officiels, ce qui permet de lutter contre les contrefaçons, très présentes sur Taobao. Ces deux plateformes appartiennent à Alibaba, le géant du web chinois que l’on connaît bien, et dont le CEO est le fameux Jack Ma.

Pour en revenir à Baipinhui, l’entreprise propose donc des solutions complètes pour vendre en ligne en Chine, avec la création et la gestion des magasins virtuels, le marketing, mais aussi la logistique car ils ont un entrepôt gigantesque dans la Free Trade Zone de Shanghai. Les bureaux où je travaille sont eux dans le quartier Putuo à Zhennanlu. L’entrepôt est ultra moderne, climatisé et automatisé, avec le scan des étiquettes. Cela permet aux clients de ne pas avoir à gérer les stocks. 


A Baipinhui, mon travail est de démarcher les entreprises étrangères dans les salons, les networkings et par email. Je gère aussi le projet du nouveau site web de l’entreprise. Il faut savoir que celle-ci n’a que deux ans à l’époque mais est en plein essor. Elle a été créée par mon CEO qui est un multi-entrepreneur ayant déjà monté des entreprises de e-commerce avec succès. Il est Hong-kongais mais a vécu à Wenzhou, Shenzhen et d’autres villes en Chine. Il parle couramment l’anglais, ce qui facilite mon travail au début. Car ensuite les réunions de l’équipe Business Development et les rencontres clients se feront en chinois, ce qui me permet de progresser rapidement.  Il faut savoir qu’à Baipinhui je suis la seule non-chinoise, la seule « laowai » 老外 . Et c’est le paradis, mes collègues étant très attentionnés, et l’ambiance est géniale. J’adore mon boulot, et j’ai aussi la chance d’enseigner l’anglais à toute l’équipe tous les vendredis, dans une ambiance chaleureuse et studieuse.


Je voulais raconter ici surtout le super Team building que nous avons eu à Taihu, un weekend, à l’ouest de Shanghai sur une île magnifique, entièrement payé par l’entreprise, avec les conjoints et enfants de quelques collègues, ce qui ne se fait pas vraiment en France. Nous sommes une quarantaine et nous passons ensemble un weekend merveilleux. Voici mon récit :

Ce weekend nous sommes partis avec le bureau à Taihu, qui est un lac encore plus grand que Xihu, à côté de Suzhou. Réveil à 5h45 pour être au bureau à 8h20, mais je suis en avance. On prend le car pendant 2 ou 3 heures, et à l’arrivée c’est magnifique, des petites maisons blanches et noires qui rappellent un peu celles de Pékin mais dans un autre style. 



Dans le bus je suis à côté de Jimi, de son nom anglais, qui est chef des opérations. On en profite pour parler anglais et le faire pratiquer. A la fin du voyage en bus, le guide nous fait faire des exercices de relaxation et d’étirement et un concours de mémorisation de jeu de doigts avec une chanson amusante. Là on prend un petit bateau de 9 places, tout petit mais très puissant, après avoir quand même attendu une bonne heure dans la file des touristes se rendant sur l’île. Le petit tour en bateau est très amusant, nous sommes six collègues sur le bateau et nous rions beaucoup. 




Après le bateau, une bonne demi-heure de marche nous attend, mais nous permet de découvrir l’île. Je n’ai jamais vu un paysage comme ça, c’est plein d’eau, tout plat, mais ce ne sont pas des étangs. Il y a juste un petit pont avec des nénuphars qui rappelle quelques tableaux de Monet.

Arrivés à l’auberge, on déjeune. La nourriture est particulière mais pas mauvaise. Ivan me dira par la suite que lui a trouvé ça décevant que l’on nous serve la même chose pendant deux jours, mais moi je ne me lasse pas ! Ensuite distribution des chambres, deux collègues, deux filles très sympas, me proposent de partager leur chambre. L’après-midi, nous faisons des activités. Il faut faire des rondes où nous trottinons en tapant le dos de la personne devant, puis le guide crie « massage ! » et là on masse les épaules de l’autre toujours en trottinant, puis « chatouilles » et là on doit pincer les côtes de la personne, etc.. Le but étant de ne pas casser la ronde. C’est très amusant. Par contre le guide parle très rapidement et je dois donc surtout observer ce que les autres font et essayer de le faire en rythme. Après nous formons des équipes pour faire d’autres activités, mais toujours dans un petit espace. C’est tout un art de faire faire des jeux dans ces conditions. Les mouvements sont donc petits et contrôlés. 

A 5h30 c’est l’heure du dîner. Oui, oui 5h30 ! Mêmes plats, mais toujours très bons. Mes collègues me disent que ces plats sont faits avec des aliments cultivés sur place et qu’ils sont donc très frais.

Ensuite le soir nous faisons d’autres activités autour d’un feu disposé dans un bac en métal au milieu de la cour : nous faisons des rondes avec de la musique et des pas à reproduire en rythme. Puis nous sommes séparés en petits groupes pour monter des mini-pièces de théâtre basées sur des contes populaires chinois. Vers 10h les gens partent se coucher, je décide de me prendre une bière, avant d’aller jouer au poker avec les garçons. Mauvaise idée, la bière est d’une marque inconnue et je serai malade le lendemain. Je n’ai jamais été aussi loin, dans le dépaysement total. Il faut savoir que, parmi tous les groupes présents sur l’île, je suis la seule étrangère, c’est une vraie immersion ! En effet, l’occident est quelque chose auquel je ne suis plus du tout réceptive à ce moment-là. Les choses que mes proches me racontent au téléphone ne me parlent pas du tout, je suis complètement ailleurs. Je pars dans la chambre des garçons, mais après quelques minutes d’observation de leur façon de jouer au poker, très différente de celle que je connais, je décide d’aller me coucher. Je pars donc dans ma chambre, mais la copine d’Andy le designer est là et elle veut absolument parler anglais avec moi. On discute un peu et puis je lui dis que je vais dormir. Les filles de ma chambre regardent « feichang wurao » 非常勿扰, l’émission très populaire ici, où des couples doivent se former. 




Le matin je suis malade car la bière était peut-être fausse, et mes camarades de chambre me rapportent des produits locaux qu’ils viennent d’acheter, mais je goûte et c’est une sorte de poisson séché en miette avec un goût très fort qui me rend encore plus malade. J’adore la nourriture chinoise, mais ce plat-là est très fort. Puis au déjeuner mon chef insiste pour que je vienne manger quelque chose. Je prends un peu de soupe de poulet et du riz. Mon chef et mes collègues sont embêtés et aux petits soins pour moi. Ils me disent « tu veux du pain ? Amenez du pain ! Oui les Français mangent du pain ! ». C’est très gentil, mais il n'y a pas de pain sur l'île, le riz suffira à me requinquer. Puis, on repart en marchant vers le port avec les bagages. Jimi porte gentiment la fille de Lihua dans ses bras qui est aussi malade. Là on attend entre une et deux heures pour monter sur le grand bateau. On prendra ensuite le car pendant plusieurs heures car c’est les retours de weekend et il y a beaucoup d’embouteillages à l’arrivée à Shanghai (comme les retours à Paris !).

En somme c’était vraiment un weekend magique ! J’ai eu beaucoup de chance de vivre cette expérience. En général, mon travail chez Baipinhui a été une de mes meilleures expériences professionnelles, autant pour les responsabilités qu’on m’a confiées, pour la gentillesse et la disponibilité des collègues et du patron, que pour l’apprentissage du monde du travail en Chine. Ce Team Building montre qu'il y a un fort esprit de cohésion lorsque l'on travaille en Chine, et la présence des proches lors de ce weekend montre l'importance accordée à la vie privée, le côté très humain de cette entreprise.